"Quand meurt une personnalité,
c’est toujours un peu de notre passé commun
qu’on enterre avec elle.
Comme si sa disparition rendait soudain visibles
les bouleversements du temps qui passe.
Avec Danielle Mitterrand,
c’est une certaine idée de la gauche qui s’en va,
une gauche qui rêvait le monde en noir et blanc,
sûre de son bon droit et de son avenir,
prête à sacrifier le pouvoir à ses valeurs.
Le plus remarquable est qu’elle aura continué
d’incarner cette gauche à l’Elysée,
laissant à son Président de mari
la tâche ingrate du briseur de rêves.
Avec Madame Mitterrand,
c’est également une certaine idée de la famille
qui s’est effacée,
le chromo du bonheur bourgeois
et forcément fidèle: l’image de l’épouse enlaçant la fille adultérine,
auprès du cercueil de François Mitterrand,
émut la France au lieu de la choquer.
Ce n’est rien, et c’est beaucoup - une vie."
Francis Brochet
VIA
