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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 13:31

390 ème anniversaire de Jean De Lafontaine

 

jeandelafontaine11-hp-copie-1.jpg

 

 


Le Chien à qui on a coupé les oreilles

 

Gustave-Dore.jpg

Gustave Doré 

 

          « Qu'ai-je fait, pour me voir ainsi
            Mutilé par mon propre maître ?
            Le bel état où me voici !
Devant les autres chiens oserai-je paraître ?

Ô rois des animaux, ou plutôt leurs tyrans,
            Qui vous feraient choses pareilles... »
Ainsi criait Mouflar, jeune dogue ; et les gens,
Peu touchés de ses cris douloureux et perçants,
Venaient de lui couper sans pitié les oreilles.
Mouflar y croyait perdre. Il vit avec le temps
Qu'il y gagnait beaucoup ; car étant de nature
A piller ses pareils, mainte mésaventure
            L'aurait fait retourner chez lui
Avec cette partie en cent lieux altérée :
Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée.
 

Le moins qu'on peut laisser de prise aux dents d'autrui,
C'est le mieux. Quand on n'a qu'un endroit à défendre,
           On le munit, de peur d'esclandre.
Témoin Maître Mouflar armé d'un gorgerin;
Du reste ayant d'oreille autant que sur ma main :
            Un loup n'eût su par où le prendre.

 

 

 

 

Les deux Amis

 

 

W.-Aractingy.jpg

 

 W.Aractingy

 

 

Deux vrais amis vivaient au Monomotapa;
L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre.
            Les amis de ce pays-là
            Valent bien, dit-on, ceux du nôtre.

 

Une nuit que chacun s'occupait au sommeil,
Et mettait à profit l'absence de soleil,
Un de nos deux amis sort du lit en alarme ;
Il court chez son intime, éveille les valets :
Morphée avait touché le seuil de ce palais.
L'ami couché s'étonne; il prend sa bourse, il s'arme,
Vient trouver l'autre et dit : «Il vous arrive peu
De courir quand on dort ; vous me paraissez homme
A mieux user du temps destiné pour le somme :
N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?
En voici. S'il vous est venu quelque querelle,
J'ai mon épée ; allons. Vous ennuyez-vous point
De coucher toujours seul? Une esclave assez belle
Était à mes côtés ; voulez-vous qu'on l'appelle ?
- Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point:
            Je vous rends grâce de ce zèle.
Vous m'êtes, en dormant, un peu triste apparu ;
J'ai craint qu'il ne fut vrai; je suis vite accouru.
            Ce maudit songe en est la cause.»

 

Qui d'eux aimait le mieux ? Que t'en semble, lecteur ?
Cette difficulté vaut bien qu'on la propose.
Qu'un ami véritable est une douce chose!
Il cherche vos besoins au fond de votre coeur;
            Il vous épargne la pudeur
            De les lui découvrir lui même :
            Un songe, un rien, tout lui fait peur
            Quand il s'agit de ce qu'il aime.

 

 


Le mal marié

  

  Illustration de J.J. Grandville (1803-1847)

 
Illustration de J.J. Grandville (1803-1847) 



Que le bon soit toujours camarade du beau,
             Dès demain je chercherai femme ;

 


Mais comme le divorce entre eux n'est pas nouveau,
Et que peu de beaux corps hôtes d'une belle âme
             Assemblent l'un et l'autre point,
Ne trouvez pas mauvais que je ne cherche point.
J'ai vu beaucoup d'Hymens, aucuns d'eux ne me tentent :
Cependant des humains presque les quatre parts
S'exposent hardiment au plus grand des hasards  ;
Les quatre parts aussi des humains se repentent.
J'en vais alléguer un  qui, s'étant repenti,
             Ne put trouver d'autre parti,
             Que de renvoyer son Epouse
             Querelleuse, avare, et jalouse.
Rien ne la contentait, rien n'était comme il faut :
On se levait trop tard, on se couchait trop tôt,
Puis du blanc, puis du noir, puis encore autre chose ;
Les Valets enrageaient, l'Epoux était à bout ;
Monsieur ne songe à rien, Monsieur dépense tout,
             Monsieur court, Monsieur se repose.
         Elle en dit tant, que Monsieur, à la fin,
             Lassé d'entendre un tel lutin,
             Vous la renvoie à la campagne
         Chez ses parents. La voilà donc compagne
De certaines Philis  qui gardent les dindons
             Avec les gardeurs de cochons.
Au bout de quelque temps, qu'on la crut adoucie,
Le Mari la reprend. Eh bien ! qu'avez-vous fait ?
             Comment passiez-vous votre vie ?
L'innocence des champs est-elle votre fait ?
             Assez, dit-elle ; mais ma peine
Etait de voir les gens plus paresseux qu'ici ;
             Ils n'ont des troupeaux nul souci.
Je leur savais bien dire, et m'attirais la haine
             De tous ces gens si peu soigneux.
Eh, madame, reprit son époux tout à l'heure,
             Si votre esprit est si hargneux
             Que le monde qui ne demeure
Qu'un moment avec vous, et ne revient qu'au soir,
             Est déjà lassé de vous voir,
Que feront des Valets qui toute la journée
             Vous verront contre eux déchaînée ?
             Et que pourra faire un Epoux
Que vous voulez qui soit jour et nuit avec vous ?
Retournez au village : adieu. Si de ma vie
       Je vous rappelle et qu'il m'en prenne envie,
Puissé-je chez les morts avoir pour mes péchés
Deux femmes comme vous sans cesse à mes côtés.

 

 

 

 

 

  
 
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